Le site de la sécurité civile du fort de Corbas (Rhône), où 28 kilos d'un puissant explosif, le Semtex, ont été dérobés, ne disposait ni de l'autorisation nécessaire, prévue fin 2009, ni des moyens de sécurité adéquats pour le protéger, ont reconnu samedi les autorités préfectorales.
"Le fort de Corbas a été revendu par la Défense au ministère de l'Intérieur en 2005. Il était protégé à l'époque par des caméras, mais aujourd'hui, il ne reste que les carcasses. Des travaux étaient prévus en 2009 pour remettre des caméras et renforcer les entrées", a expliqué à l'AFP Xavier de Fürst, préfet délégué à la sécurité et à la défense du Rhône.
"Un dossier (pour autoriser le stockage d'explosifs dans le fort) était en cours d'instruction (...) C'était un très bon endroit pour implanter ce genre de site puisqu'il n'y a aucun danger pour les populations alentours et ils (les responsables du site, NDLR) ont baissé leur garde, c'est un excès de confiance", a poursuivi M. de Fürst.
Le service de déminage de la sécurité civile, dont la principale mission est la neutralisation des munitions des deux guerres mondiales, dispose de 26 sites en France, qui abritent ses équipes, les explosifs et munitions découverts étant entreposés à proximité.
Les lieux d'entreposage des explosifs répondent à des règles précises en matière de prévention des risques d'explosion.
Dans le cas du fort de Corbas et du site annexe où était entreposé le Semtex, utilisé pour faire exploser sur place les munitions des deux guerres non transportables, si toutes les conditions pyrotechniques étaient remplies, il ne disposait pas de système anti-intrusion et ne devait donc pas accueillir d'explosif.
Dès vendredi soir, la ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, avait dénoncé "des défaillances dans la sécurisation de ce site". Elle avait immédiatement suspendu le chef de centre et diligenté une enquête administrative interne.
La nouvelle de la présence -- et du vol -- de ces explosifs sur sa commune a d'ailleurs entraîné une vive réaction du maire PS de Corbas, Thierry Butin. "Le fort de Corbas n'était pas à disposition du centre de déminage, il devait y avoir des travaux", a-t-il déclaré au micro d'Europe 1.
"Je suis extrêmement surpris et en colère que l'on puisse stocker du jour au lendemain des produits aussi dangereux et sans aucune protection", s'est exclamé M. Butin.
Le fort de Corbas "dépend entièrement du ministère de l'Intérieur, d'ailleurs le dossier d'autorisation est instruit à Paris. Il est évident que si les choses s'étaient passées normalement, la préfecture et le maire de la commune auraient été au courant", s'est défendu le préfet délégué, qui a reconnu que les explosifs se trouvaient là "probablement depuis janvier ou février 2008".
M. de Fürst, qui a refusé d'évoquer une éventuelle piste dans l'enquête, a par ailleurs estimé que seuls les personnels démineurs, soit "une douzaine de personnes", étaient au courant de la présence du Semtex.
Pour autant, selon lui, "des personnes animées de mauvaises intentions ont pu observer les allers et venues" des démineurs et en déduire la présence des explosifs.