Jean-François Bernard, vainqueur de Paris - Nice en 1992 et troisième du Tour de France en 1987, est le consultant de
www.lequipe.fr Chaque jour, il nous livre son analyse et dissèque la course et ses enjeux. Pour lui, Cadel Evans reste dans une position favorable après la première étape alpestre, même si Frank Schleck lui a ravi le Maillot Jaune. Les CSC vont devoir poursuivre leur stratégie dans les prochains jours pour creuser l'écart avant le contre-la-montre.
«Une seule ascension de première catégorie a suffi à redistribuer les cartes pour la victoire finale...
J'ai beaucoup aimé cette dernière ascension : on a vu des coureurs attaquer mais coincer ensuite. Il n'y a pas eu de grand numéro. Les CSC ont fait exactement ce qu'ils devaient faire contre Cadel Evans : l'isoler très vite puis le fatiguer en multipliant les attaques tranchantes. Le Maillot Jaune était trop seul dans la dernière montée. Mario Aerts (30e de l'étape) et Yaroslav Popovych (34e) ne lui ont été d'aucun secours. Pour gagner le Tour, il faut une grosse équipe et CSC l'a prouvé. Andy Schleck a fait très mal et Carlos Sastre s'est bien replacé au général (6e à 49 secondes).
Comment jugez-vous la performance de Cadel Evans (13e de l'étape à 47 secondes de Sastre et Kohl) ?
Il est à son niveau. C'est sûr qu'il ne gagnera pas d'étape dans les Alpes. Mais, il est encore le mieux placé pour la victoire finale. Il sait qu'il est plus fort que ses rivaux en contre-la-montre. On verra après la journée de repos s'il peut avoir une réaction d'orgueil mais il n'est pas obligé de partir à l'attaque. Stabiliser les écarts serait suffisant pour lui.
Derrière Frank Schleck et Cadel Evans, les prétendants sont toujours aussi nombreux.
Je ne crois pas vraiment en Christian Vandevelde (cinquième du général à 39 secondes) qui devrait coincer dans les prochaines étapes des Alpes mais Denis Menchov m'impressionne. Il était passif dans les Pyrénées, attendant son heure, et quand il a attaqué aujourd'hui, il m'a paru très, très fort. Cela pourrait inquiéter Evans car il roule très fort en contre-la-montre. L'Autrichien Bernhard Kohl n'a peut-être pas fini de nous surprendre. Il n'a que 26 ans.
Que doivent faire la CSC et Frank Schleck ?
Les CSC ne peuvent pas se contenter de cet écart dans les prochaines étapes. Ils doivent encore durcir la course et ils ont les moyens de le faire. Frank Schleck et Carlos Sastre ont besoin de trois-quatre minutes d'avance au minimum avant le dernier contre-la-montre. Il faut voir comment les coureurs vont réagir aux changements climatiques : on est passé de 33 degrés samedi à une pluie glacée dimanche. C'est difficile pour les organismes.
Un mot sur la victoire de Simon Gerrans à Prato Nevoso ?
Simon Gerrans a été emmené dans un fauteuil par Egoi Martinez. C'est un vrai puncheur qui a facilement pris de vitesse ses deux derniers compagnons d'échappée dans les 150 derniers mètres. Je suis surpris de voir qu'Egoi Martinez n'a plus les attaques tranchantes qu'on lui connaissait par le passé.»